Bernie Bonvoisin se fait d’abord connaître en tant que chanteur et auteur du groupe de hard rock français Trust. Les paroles écrites par Bernie Bonvoisin pour Trust sont marquées par une certaine agressivité, un rejet des mentalités bourgeoises et de la répression. Les textes de certaines chansons rejoignent les critiques libertaires, en dénonçant les dérives de la démocratie (La grande illusion), les travers du système capitaliste qui écrase les travailleurs (Le sauvage), l’extrême-droite (La junte), les violences du communisme soviétique (Les brutes), les sectes (Les sectes) et d’une manière générale tous les travers liberticides de notre société. Elles sont parfois marquées par une certaine provocation sexuelle (Le matteur).
En juin 1979, le titre « Darquier » s’attaque au journaliste d’extrême-droite Louis Darquier de Pellepoix (qui décèda 14 mois après la sortie du disque), ouvertement antisémite et collaborateur des occupants nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et, à travers lui, à ceux qui ont fait le même choix sans être inquiétés jusqu’à leur mort. Malgré l’importance du sujet, « Darquier » ne sorti que comme face B du 45 tours Le matteur (parfois en « version expurgée »[1]). Cette chanson ne reverra le jour qu’en 1992 sur l’album Répression dans l’Hexagone.
Un autre titre franchement politique, Monsieur Comédie, est une chanson qui dénonce l’aide et l’asile politique fournis par les autorités françaises à Rouhollah Khomeini, hébergé avec son entourage à Neauphle-le-Château entre 1978 et février 1979 (asile que le futur Ayatollah n’avait apparemment pas demandé : il ne disposait que d’un visa de tourisme), alors qu’il préparait sa propre conception de la Révolution iranienne, commencée par d’autres, avec d’autres idées. Son retour en Iran fera bientôt de lui un grand « tortionnaire » et le Guide suprême de la République islamique, après avoir confisqué la Révolution iranienne et institué un régime de terreur.
Misère dénonce la politique réactionnaire et anti-sociale de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord à partir de 1979.
Les paroles de Bernie sont franchement gauchistes et donnent un air de révolte à toute une génération écrasée par le pouvoir politique de l’époque (Antisocial). Par exemple, Trust a évoqué plusieurs fois le cas de Jacques Mesrine, le décrivant comme un homme rejeté dans la criminalité par la société répressive, tout en dénonçant les conditions de détention dans les prisons françaises et l’esprit d’un système dans lequel tout est fait pour écarter « celui qui ne marche pas dans le rang », en mettant en chanson un texte écrit par Mesrine lui-même (Le mitard).
Il appelait cependant, lors des campagnes précédant l’élection présidentielle de 2007, à un vote majoritaire en faveur de Ségolène Royal, candidate du Parti socialiste, essentiellement pour empêcher l’élection de Nicolas Sarkozy, tranchant ainsi avec ses propos passés, sans concessions.
Le style de chant de Bernie Bonvoisin est plutôt crié à la façon punk, dont il est l’un des pionniers en France ; d’ailleurs Trust était défini comme un groupe de hard rock avec un chanteur à l’idéologie punk, mais il était plus proche du blues rock et, en même temps, un grand amateur d’AC/DC. Il avait une relation d’amitié avec Bon Scott, le chanteur de AC/DC, à qui il dédia un morceau de blues après sa mort accidentelle le 19 février 1980 durant une tournée commune (Ton dernier acte). Les deux musiciens furent parfois comparés par la presse anglophone comme alter ego l’un de l’autre. La chanson d’AC/DC Ride on, qui figure originalement sur le 33 tours de 1976 Dirty Deeds Done Dirt Cheap, fut enregistrée par Trust pour l’album du même nom.
Son troisième album solo, Étreinte dangereuse, sorti en 1993, ne rencontra que peu de succès. Johel Bernard, qui produisit l’album (enregistré à West Orange, dans le New Jersey), y perdit 10 millions de francs.
En 2006, il compose un album avec Moho Chemlekh, ancien guitariste de Trust, sous le nom de Kollectif AK47. Cette rencontre qui aurait pu marquer son retour à la chanson a finalement tourné court, alors qu’une tournée de 7 dates était prévue en France. À la surprise générale et malgré les critiques qui fusèrent à partir de 1983, reprochant à l’auteur et au groupe de perdre de leur verve et de s’assagir, Trust se reforme pour un concert unique et un album enregistré en public. La magie opèra de nouveau et le bulldozer reprit la route. Mais l’engouement fut vite terni par le soupçon de visées purement commerciales de Sony Music Entertainment, Trust et AC/DC (ce que les membres des deux groupes démentirent), du fait de la sortie la même année des albums Répression dans l’Hexagone et Live, respectivement.
Les critiques acerbes qu’expriment Bernie Bonvoisin et Trust ne manquent pas : contre le totalitarisme, la répression, la violence exercée par des Etats contre d’autres (Les brutes) ou sa propre population (H & D), les politiques inégalitaires ou encore la bêtise dangereuse.
L’année 2010 le retour de Bernie dans l’actualité avec la sortie d’un nouveau livre Le bel enfer et d’un album solo Organic, qui sera suivi d’une tournée des clubs en mars et avril.